vendredi 28 mars 2014

Avec Beef, la moutarde monte au nez



La mayonnaise va-t-elle prendre? Si certains médias se focalisent sur la tâche de graisse, ils sont peu à apprécier les véritables saveurs du dernier magazine culinaire, Beef.

Alexandre Zalewski, a réussi son coup de pub. Les réseaux s’embrasent face à ce morceau, que certains ont du mal à avaler. Dans son édito, le rédacteur en chef, relègue la femme au rang de férue d’électroménager, mangeuse de laitues alors que l’homme n’a nul besoin de machine, car il a « la force, la vigueur et la résistance physique » pour pétrir le pain lui-même.

Les gonzesses désormais trop occupées à gérer leur multinationale, les mâles peuvent prendre le pouvoir aux fourneaux, et cuisiner enfin ce qu’ils aiment : « la viande rouge, les féculents, et les matières grasses ».



Alors sexisme ou coup marketing?

Après tout, pourquoi les hommes n’auraient-ils pas le droit eux aussi à leur manuel de cuisine chargé de stéréotypes? Si Elle à table peut conseiller à Madame comment rendre le fenouil sexy, alors pourquoi Beef ne pourrait-il pas enseigner à Monsieur comment faire grimper sa courbe de virilité en faisant braiser des légumes (page 80)?

Sous la croûte machiste, que picore-t-on dans Beef?

Des titres accrocheurs, quelque fois machos, grossiers, qui en appel à la testostérone du lecteur, mais jamais méchants, car teintés d’humour. Le second degré ne fait pas de doute. Les reportages sont originaux, fouillés, jamais clichés. Ou si clichés il y a, il s’agit bien de photographies de qualité, magnifiant des produits élevés au rang de star. A l’image du dossier « burger engagés » (page 110).


Un seul bémol pourtant. Le magazine s’adresse aux hommes « qui ont du goût ». Quid de ceux qui n’en ont pas? Sont-ils condamnés à subir pour toujours la salade minceur de leur compagne? Et les femmes dans l’histoire? Avant même l’ouverture des pages, elles se sentent mises à l’écart…